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Intentions de Prières du Saint Père
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Les pionnières | La vocation des pionnières
Jeanne était la plus jeune du premier groupe qui partit pour l’Océanie en novembre 1857. Elle était née à Rive-de-Gier, près de Lyon, et avait reçu une assez bonne éducation. D’après ses lettres et celles d’autres personnes, elle paraît avoir été une grosse travailleuse, une jeune femme douée, mais qui présentait peut-être un certain manque de maturité par rapport à son âge.
Nommée à Futuna, elle se mit avec générosité à faire la classe aux femmes mais, moins de trois mois plus tard, elle fut envoyée à Wallis avec S. Marie de la Miséricorde. Très vite, elle connut des problèmes de santé et des difficultés de relation ; elle revint à Futuna. Sa santé continuant de poser des problèmes, on l’envoya à Sydney en 1861. Elle y passa plus de cinq mois à l’hôpital sans que les docteurs puissent trouver la vraie cause de sa maladie. Ce fut une occasion supplémentaire de souffrir. Pendant la période de convalescence qui suivit, elle apprit l’anglais et fit le catéchisme à des petits Français à qui elle communiqua le grand amour qu’elle avait envers Marie, commençant toujours la classe « en la compagnie de sa bonne Mère » (Espérance-Poupinel, 19.07.1862, Lettre 18, §6, NP II, 284).
Alors que le P. Poupinel suggérait qu’elle rentre en France, elle-même estimait que sa place était toujours en Océanie, comme les autres soeurs qui restaient « sur le champ de bataille » même si leur santé était moins bonne. S. Marie de la Sainte-Espérance était toujours prête à se sacrifier quand cela lui semblait être la volonté de Dieu sur elle ; ce goût du sacrifice est un fil rouge qui court d’un bout à l’autre de sa vie. En 1863, elle fut nommée à St Louis, en Nouvelle-Calédonie, dans l’espoir qu’un changement de climat lui serait salutaire. Pendant la traversée, le bateau fit naufrage. Il n’y eut pas de blessés graves, mais toute la cargaison fut perdue. Elle écrit : « … je fis un triste et terrible naufrage ! triste et douloureux moment que je ne puis oublier… Ce n’est point que je regrette tout ce que j’ai perdu ; non, non, mon bon Père, je puis vous dire avec assurance, que quoique j’en ai senti vivement la peine présente et à venir, j’ai fait, du moins je le crois, assez généreusement mon sacrifice. Quelques mois auparavant, Dieu m’en avait imposé un bien plus grand, en la personne de ma bonne et tendre mère ! » (Espérance- Poupinel, 12.03.1864, Lettre 34, §4, NP II, 329).
A St Louis, les mêmes problèmes de santé revinrent ; ce n’était pas toujours facile de la comprendre. Elle souffrit beaucoup aussi d’être parfois critiquée durement. Même au P. Poupinel il arrivait de la trouver parfois « rather foolish ». Cependant, en 1867, quand elle fut envoyée à La Conception, on dit qu’elle réalisa un bon travail auprès des filles à qui elle faisait la classe, pour qui elle cousait et dont elle prenait soin. D’après le P. Rougeyron, « elle était habile en tout et très capable » (Rougeyron-Favre, 10.09.1867, NP III, 476).
S. Marie de la Sainte-Espérance parle de sa joie d’appartenir à « la famille de Marie ». Elle attache du prix au fait d’être devenue « la fille de Marie » par sa consécration dans le TOMMO. Elle attendait avec impatience le jour où elle serait une religieuse pleinement reconnue. Mais, bien qu’acceptée pour le noviciat NDM en 1867, elle ne fit jamais profession, probablement à cause de ses problèmes de santé.
S. Marie de la Sainte-Espérance aimait les gens et les gens l’aimaient. Elle partagea généreusement les dons de cœur et d’esprit qu’elle possédait, dans les limites d’une santé précaire qu’elle traîna toute sa vie. Elle mourut à Nouméa, relativement jeune, à 41 ans.
Je vous souhaite, Mon Bon Perè, une bien meilleure traversée que celle que j’ai faite au mois de Novembre dernier; époque où je fis un triste et terrible naufrage ! triste et douloureux moment que je ne puis oublier…. Ce n’est point que je regrette tout ce que j’ai perdu ; non, non, Mon Bon Père, je puis vous le dire avec assurance, que quoique j’en ai senti vivement la peine présente et avenir, j’ai fait, du moins je le crois, assez généreusement mon sacrifice. Quelques mois aupavant, Dieu m’en avait imposé un bien plus fort, en la personne de ma bonne et tendre mère ! (Espérance-Poupinel, 12.03.1864, NP II, 329).