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M. Yves KERBIRIOU

Liste des sœurs décédées

Décédée le 29/10/2006

24 janvier 1910 - 29 octobre 2006


« Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? ….. J’en ai la certitude : ni la mort, ni la vie , ni les esprits ni les puissances , ni le présent ni l’avenir, ni les astres , ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature , rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ Notre Seigneur ».
Ro 8, 35-39.



Sœur Marie Yves, (connue comme Malia Ive en Wallis et à Futuna), est retournée vers le Seigneur après une longue vie. Ces derniers mois elle souffrait beaucoup et son cœur était usé.

Sœur Marie Yves, Jeanne Yvonne Kerbiriou, est née le 24 janvier 1910 à Roscoff en Bretagne. Après avoir travaillé à la ferme de ses parents, à 28 ans elle décide de répondre à l’appel du Seigneur. Elle entre donc chez les Sœurs Missionnaires de la Société de Marie à Sainte Foy lès Lyon et fait profession les 9 mars 1940 en pleine guerre à Beaulieu près de la Neylière car la maison de formation de Ste Foy était occupée par les Allemands.

La même année, le 19 mai 1940 elle s’embarque à Marseille en direction de l’Océanie. La guerre l’oblige à rester quelques mois à Nouméa où elle va rendre service à la Clinique Magnin, puis à Port-Vila aux Nouvelles Hébrides durant deux ans. Ce n’est que le 18 Août 1942 qu’elle atteint Wallis où elle devait rester un peu plus de 60 ans. Son caractère entier et sa vivacité sont restés bien vivants dans la mémoire des Wallisiens et Futuniens.

A Wallis elle est nommée au dispensaire de Mua puis elle va à l’Hôpital de Sia à Mata-Utu se former aux soins infirmiers. En 1943 elle prononce ses vœux perpétuels. En 1951 elle est nommée au dispensaire d’Alo à Futuna . C’est là qu’avec sa compagne S.M. Édouard, elle commencera les accouchements et connaîtra des situations douloureuses. Sans médecin sur toute l’île, face à des épidémies elle a appris à compter sur la Providence. Sa confiance en Marie était totale, elle remettait tout entre ses mains.

En 1961 elle a la joie de revoir la France et retrouve sa Bretagne et sa famille tant aimée. Après un temps de second noviciat , elle repart de nouveau pour Wallis : Mua , Hihifo puis Futuna, elle connaît tous les dispensaires. Nuit et jour elle est de service, toujours prête à aller au secours d’un malade ou d’une future maman . En 1972, elle se trouve fatiguée. Au cours de son congé en France , elle connaît la maladie et un long repos obligatoire.

Ce n’est qu’en 1974 qu’elle peut à sa demande, reprendre la direction de Wallis. En 1980 malgré son âge on lui demande de commencer un dispensaire à Poi, où les gens n’ont personne pour assurer les soins et doivent traverser la montagne à pied pour aller se faire soigner à Alo ou Sigave de l’autre côté de l’île. A pied, à vélo, à cheval… elle n’a de cesse d’être au service des malades.

A Noël 1986 c’est le terrible cyclone Raja qui ravage l’île du Nord au Sud. Puis en 1993 elle connaît la dure épreuve du tremblement de terre qui a fait tant de dégâts. Ne pouvant plus soigner , elle va mettre ses dons au service de la communauté des sœurs et au service des pèlerins de Poi, qui viennent prier St Pierre Chanel.

Même âgée elle emmenait les visiteurs jusqu’au sommet de la tour de la basilique montant allégrement toutes les marches. Chaque année elle participait aussi le 11 février au pèlerinage à la grotte de Loka sur l’île d’Alofi faisant tout le chemin à travers les racines sous l’admiration des plus jeunes qui avaient du mal à la suivre. C’est ainsi qu’elle reste 25 ans à Poi. Sa confiance en St Pierre Chanel n’a pas de limite et elle sait la transmettre. Son dernier voyage en France en 1998 lui permet de revoir sa sœur religieuse Sr Philomène smsm, malade depuis de nombreuses années, juste une semaine avant son décès. Dure épreuve pour Sœur Marie Yves qui désirait tant revoir sa sœur.

En janvier 2005, ses forces déclinant, elle accepte de quitter Poi où les gens la laissent partir avec beaucoup de regret. Ils pensaient la garder jusqu’à son dernier souffle et lui avait même réservé une place dans le petit cimetière de Poi. Elle vient à Notre Dame , la maison des sœurs âgées à Sofala à Wallis. En octobre 2005 elle se fracture le col du fémur et est évacuée sur Nouméa où elle est opérée. A sa sortie de l’hôpital, elle décide de faire le sacrifice de Wallis et Futuna et demande à rester en Nouvelle Calédonie dans la communauté de Nazareth.

Très fatiguée depuis plusieurs semaines, c’est le dimanche 29 octobre dans l’après-midi que le Seigneur est venu la prendre dans son sommeil. La messe des funérailles a eu lieu à la paroisse de Rivière Salée le lundi dans l’après-midi, suivie de l’inhumation au cimetière de Saint Louis. C’est là que des chefs wallisiens sont venus prier avec nous et lui rendre hommage, selon la coutume, pour tout son dévouement auprès de la population de Wallis et Futuna.

« Dans une disponibilité totale,
nous sommes prêtes à quitter notre pays
pour partir et repartir
vers d’autres peuples , d’autres cultures ,
sûres que l’Esprit nous précède …. » C.16

Nous pouvons rendre grâces pour la longue vie de Malia Ive, une vie bien remplie et toute donnée aux autres dans la simplicité et la joie. Qu’elle goûte maintenant la paix du Seigneur, Celui qu’elle a aimé et servi de toutes ses forces.

S.Michèle Bernut smsm
Régionale