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Sœur Mary Michaeline MEDZIHRADSKY smsm
17 avril 1921 – 17 mars 2020
Sœur Mary Michaeline, née à Cleveland, Ohio en 1921, est la seule fille des cinq enfants de Ludvig et Julia Klassa Medzihradsky, tous deux nés en Tchécoslovaquie. Son nom de baptême est Irene Medzihradsky. Elle fréquente l’école secondaire commerciale St Etienne, où elle acquiert les compétences en secrétariat et en comptabilité qu’elle utilisera tout au long de sa vie. Elle obtient son diplôme avec mention, mais elle n’a que 17 ans, et dans ces années qui suivent la grande crise économique de 1929, les jeunes ne peuvent pas avoir un travail rémunéré avant l’âge de 18 ans. Elle continue donc des études commerciales en cours du soir jusqu’à ses dix-huit ans. Elle trouve alors un bon emploi dans le centre-ville de Cleveland.
En décembre 1941, lorsque les États-Unis entrent dans la Seconde Guerre mondiale après le bombardement de Pearl Harbor, la vie de tout un chacun change. Tous les hommes sont recrutés pour servir dans l’armée, alors des milliers de femmes prennent leur travail dans les usines, en particulier pour la construction d’avions. Michaeline a écrit : «J’ai quitté mon poste de secrétaire, j’ai reçu une formation pour devenir inspecteur de précision... dans une usine qui montait des avions pour la guerre. J’ai appris à riveter et inspecter les pièces. Je gagnais trois fois plus qu’avec mon travail de secrétariat et je donnais mon salaire à mes parents. »
S. Michaeline a aussi écrit que depuis longtemps elle voulait devenir religieuse mais elle ne savait pas comment ni où. Peu après 1941, elle rencontre S. Mary Michael Sedlac smsm, lors de son congé en famille. Dès que Michaeline l’entend parler des Sœurs Missionnaires de la Société de Marie, elle sait que c’est là qu’elle a sa place. Elle entre chez les SMSM le 2 août 1945 et prononce ses premiers vœux à Bedford le 2 février 1948.
Pendant un an et demi, elle reste à Bedford, initiant les novices aux compétences culinaires. Puis, en septembre 1949, elle est envoyée en mission auprès des lépreux, en Jamaïque où elle assure la comptabilité et le secrétariat pour la léproserie.
En 1957, elle retourne aux États-Unis et, pendant les onze années suivantes, elle s’implique dans l’administration et les finances de la Région qui, en 1964, devient la province d’Amérique du Nord.
Enfin, en 1968, elle reçoit une autre destination missionnaire : cette fois à Bougainville, en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
Après trois mois en Australie, Michaeline arrive à Moratona, Bougainville le 3 septembre 1968 et enseigne à l’école primaire pendant un an. Mais bientôt, ses aptitudes pour le travail de secrétariat et de comptabilité sont de nouveau sollicitées, et en 1970, on lui demande d’être Econome Régionale des SMSM et de travailler au bureau de l’évêché de Kieta. Dans ses "temps libres", elle donne des cours d’instruction religieuse et prépare des enfants à la Première Communion.
C’est peut-être à cette époque-là qu’elle ressent le désir d’être « plus proche des gens » - de s’engager dans la pastorale et aussi dans le "ministère de la prière". Toujours est-il qu’elle est envoyée faire des études pastorales à l’Institut Pastoral d’Asie de l’Est, à Manille, de septembre 1972 à juin 73.
De retour à Bougainville, elle est affectée à Tunuru, pour assurer un ministère pastoral dans la ville d’Arawa. Sœur Margaret Tisch, qui était avec elle à l’époque écrit :
« Michaeline, quand elle vivait à Tunuru, à Bougainville, sortait le soir pour des réunions de prière... puis rentrée à la maison, elle s’agenouillait dans la chapelle pendant des heures et s’endormait sur le tabouret. C’était une femme de prière. »
Elle quitte Bougainville en 1990 pour retourner aux États-Unis avec huit autres sœurs américaines évacuées en raison de la guerre civile sur l’île. À ce moment-là, notre province ouvre une communauté à Rocky Creek Village à Tampa, en Floride et Michaeline est membre du premier groupe à se porter volontaire pour aller là-bas. Pour elle, et pour beaucoup d’autres, ce n’est pas seulement un lieu où "prendre sa retraite", c’est aussi l’occasion de continuer à servir les autres. Nos sœurs aident d’autres résidents qui sont seuls ou ont besoin d’aide pour se déplacer ou être servis à la salle à manger. Michaeline fera cela pendant de nombreuses années, servant de "vieille dame de compagnie" aux personnes de Rocky Creek, mais elle ira aussi au delà du village.
Au cours de ses 17 années à Tampa, elle passe de nombreuses heures chaque semaine dans les transports en commun pour rendre visite à des patients dans les hôpitaux, à des malades psychiatriques à l’Hôpital des anciens combattants et à des personnes atteintes du sida. Un article publié en 2007 dans "La Pensa" - journal de Floride en langue espagnole - donne la parole à un homme souffrant du sida depuis de nombreuses années :
«Je connais S. Michaeline depuis 15 ans. Je n’ai pas de famille. Elle a toujours été à mes côtés chaque fois que j’avais besoin de parler à quelqu’un. Quand je me sens triste, elle est là pour m’aider. Elle ne me juge jamais. C’est ma conseillère spirituelle et ma meilleure amie. Elle est comme une mère pour moi. »
Cette même année, S. Michaeline commence à avoir elle-même quelques problèmes de santé et elle doit quitter définitivement Rocky Creek pour retourner à Waltham en Juin 2007. Elle vit au 62 Newton Street, rend quelques services communautaires, porte la communion à Maristhill Nursing Home. En août 2008, elle est accueillie dans un service de la Résidence Marillac à Wellesley Hills. Une fois de plus, elle rend service au sein de la communauté en tant que ministre de l’Eucharistie : elle visite les résidents qui sont malades et prient avec eux. Et là aussi, elle sort de la Résidence pour aller à la paroisse participer au programme Arise ou se joindre à des groupes de prière.
Enfin, naturellement, elle doit ralentir. Mais elle semble souvent surprise ou indignée que cela soit nécessaire. Elle dit : « Mais je ne peux pas faire ce que j’étais capable de faire avant ! J’oublie même des choses ! » Et quand on lui dit que c’est "normal" pour une personne de bien plus de 90 ans, elle secoue la tête d’étonnement,
Bien sûr, Michaeline n’était pas "comme tout le monde" - elle était exceptionnelle à bien des égards. Sa sincérité, son ouverture, son désir sincère de grandir chaque jour dans l’amour du Seigneur et l’amour des autres, en particulier ceux qui en ont le plus besoin, se sont approfondis tout au long de sa vie. Puisse-t-elle reposer enfin en paix en présence de Jésus et de Marie et puissions-nous tous nous inspirer de sa mémoire.
Avec notre reconnaissance à Marie,
Sœur Helen Muller, smsm Sœur Virginia Fornasa, smsm
Supérieure Régionale Secrétaire aux Communications