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Sœur Esther Reid, smsm
(Autrefois : Sœur Mary Aloysius)
24 décembre 1918 – 8 septembre 2017
Esther Reid nait à Anglesea, Westmorland, en Jamaïque, B.W.I. la veille de Noël 1918, l’une des douze enfants de Dennis Samuel Reid et Ellen Mary Cleghorn.
Après la mort de Sœur Esther, S. Georgeanne Marie Donovan nous a envoyé le récit suivant de ses premières années, adapté d’un “mémoire” qu’Esther a écrit il y a quelques années et qu’elle lui a confié pour qu’elle le partage avec nous “quand le temps viendrait”:
Esther Reid naît en Jamaïque et grandit dans une solide famille épiscopalienne de douze enfants. Ils sont bien à l’aise jusqu'à ce que la crise économique des années 1920 touche la Jamaïque : son père n’a plus de travail et ils ont tout perdu. Lorsque sa mère meurt en couches, son père ne peut pas s’occuper des plus jeunes filles de la famille : Esther et sa sœur Ethline, âgée de trois ans sont envoyées à Kingston dans un orphelin pour filles dirigé par la veuve d’un pasteur épiscopalien. Il leur est extrêmement difficile d’être séparées de leur famille. Cependant Dieu leur fournit un magnifique foyer dans lequel elle et Ethline reçoivent affection et éducation et continuent leur formation de foi. À treize ans, Esther est assez âgée pour s’occuper d’elle-même et elle retourne dans sa famille où elle commence à travailler.
Après des années de petits boulots, Esther obtient finalement un emploi stable dans l’armée américaine à Kingston. C’est durant cette période qu’elle ressent le besoin d’un soutien spirituel et elle le trouve dans l’Eglise catholique. Accompagnée par le père jésuite chargé de la communauté catholique du Poste, Esther devient catholique. Un soir, en visionnant un film au camp, elle voit un groupe de sœurs qui avaient été invitées par l’un des sergents pour voir le film. Esther dit qu’en les voyant, elle s’est sentie « immédiatement attirée vers elles comme par un aimant alors je suis allée m’asseoir juste derrière elles dans la salle de spectacle pour voir ce que je pourrais savoir d’elles. » Il s’agit là de sa première rencontre avec des SMSM, mais, à ce moment-là, elle ne parle à aucune d'entre elles.
Peu après sa conversion au catholicisme, elle émigre aux États-Unis et s’installe en Arizona. Grâce à la recommandation de l’armée pour ses bons services, elle peut rapidement accéder à la nationalité américaine. Elle trouve un bon travail grâce à la recommandation de l’épouse d’un officier de l’armée et elle fréquente régulièrement une église catholique près de son appartement. L’atmosphère amicale de cette communauté ecclésiale contribue à renforcer sa foi. Plus tard, elle voit dans l’église un petit magazine catholique, le Messager du Sacré Cœur, et remarque l’annonce « On demande des âmes généreuses. » Quelque chose frappe une corde sensible en elle, et elle se rend compte que les sœurs dont il s’agit peuvent être celles qu’elle a vues en Jamaïque. Après avoir essayé de sortir cela de son esprit, elle écrit finalement pour obtenir plus de renseignements. Elle est surprise par la réponse chaleureuse et personnelle qu’elle reçoit des sœurs et entre en communication régulière avec elles, en découvrant davantage Marie et l’esprit de la Congrégation. Au cours de son discernement vocationnel, elle garde contact avec son directeur spirituel jésuite en Jamaïque qui l’encourage dans cette voie. Quand finalement, elle demande à entrer dans la Congrégation, on lui dit qu’elle doit attendre au moins deux ans après sa conversion au catholicisme. Elle attend et se lie à une autre Congrégation, faisant des petits boulots pour elle. Et au bout des deux années, Esther se rend à Boston pour devenir SMSM.
Esther entre chez les Sœurs Missionnaires de la Société de Marie à Bedford (Massachusetts) le 31 juillet 1948. Novice, elle prend le nom de sœur Mary Aloysius. Elle prononce ses vœux le 1er février 1951. Elle fréquente l’école de cuisine Fanny Farmer et obtient aussi un certificat de superviseur alimentaire de l’école d’art culinaire Sainte Croix. De 1953 à 1956, elle fait la cuisine et la couture au noviciat des Pères Maristes à Staten Island, New York. Elle est ensuite envoyée en mission à Hawaï où elle rend les mêmes services au séminaire St Etienne à Oahu. C’est à Hawaï, qu’elle fait ses vœux perpétuels le 2 février 1957.
En 1964, la Sœur est envoyée à la léproserie Hansen Home, en Jamaïque, où elle continue le travail de cuisine et de couture, de bureau et aussi d’enseignement aux jeunes filles de la maison. Dans les années 1970, lorsque les sœurs quittent Hansen Home et sont invitées à assurer un ministère pastoral dans le diocèse de Montego Bay, Esther sert avec bonheur dans la ville de Seaford, Porus et plus tard à Montego Bay. En 1971, elle suit un cours de formation de formateur en alphabétisation et en 1973, elle passe quatre mois en internat à l’Université des Indes occidentales (Caraïbes) pour acquérir une formation élémentaire de travailleur social. Toujours désireuse de progresser dans sa compréhension de la Foi et sa capacité à enseigner aux autres, pendant cinq ans, elle consacre ses « temps libres » à un cours de catéchèse par correspondance du diocèse de Witchita, Kansas (1980-85). Elle profite aussi de toutes les occasions pour augmenter ses connaissances en Bible et en théologie, que ce soit en Jamaïque ou aux Etats-Unis.
Sœur Esther retourne aux Etats-Unis en 1999. Elle rend des services communautaires à Belmont et plus tard à Newton Street. Elle fait partie du premier groupe à se rendre à la Résidence Marillac en 2005, disant qu’elle est reconnaissante d’avoir là-bas plus de temps à consacrer à la prière et à la réflexion. Ces derniers jours, plusieurs sœurs ont exprimé des sentiments semblables à ceux que S. Georgeanne décrit si bien dans la lettre qu’elle nous adresse :
Esther était vraiment humble : elle ne se mettait jamais en avant pour être louée ou obtenir quelque chose ; elle a toujours cherché le bon et les points forts chez les autres et les encourageait à s’épanouir. Elle a vécu l’esprit d’« abnégation » – d’oubli de soi – tous les jours : alors qu’elle avait des opinions bien arrêtées et aurait pu les faire connaître, elle n’a pas vécu de l’esprit d’« auto-référence », qui semble être la norme dans le monde aujourd'hui... L’amour d’Esther pour Dieu a débordé dans son amour pour les personnes à qui elle a été envoyée pour les servir – femmes, hommes, jeunes et vieux, habitants des zones rurales et citadins, ceux qui sont pauvres matériellement et ceux qui sont spirituellement pauvres. Elle était très attentive à son entourage et avait un don pour tendre la main aux découragés et aux marginaux, les aidant de manière souvent cachée et inconnue des autres. Elle a contribué à la naissance de plusieurs groupes de Laïcs Maristes, en Jamaïque et à Belmont. Elle prenait le temps autour d’une tasse de thé pour encourager nos jeunes sœurs - qui pouvaient avoir quelques difficultés avec les études ou le travail - à poursuivre leurs efforts et à rester proches de Jésus et de Marie.
Sœur Esther est décédée le 8 septembre 2017 au matin, en la fête de la Nativité de Marie, à la Résidence Elizabeth Seton. Nous savons que Jésus et Marie l’attendaient pour l’accueillir avec joie.
Avec gratitude à Marie,
Sœur Mary Jane Kenney, smsm (Supérieure Régionale)
Sœur Virginia Fornasa, smsm (Secrétaire en Communications)