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Sœur Malia Sanele
Katalina Vavahe’a Moahengi
30 avril 1932 – 19 octobre 2019
« Achève, ô mon Dieu, ce que tu as commencé en moi. Et Toi, Marie, ma Mère, je suis toute à toi ; par ta prière toute-puissante assure mon salut éternel. »
Ce sont ces mots inspirés de notre formule de vœux smsm que Sœur Malia Sanele utilise dans sa demande de renouvellement de ses vœux, en 1958. Elle poursuit : « Je suis heureuse dans ma vocation. Avec l'aide de Dieu et de Marie, je Le servirai le mieux possible, car sans eux, je ne peux rien faire. »
Cette Tongienne au grand cœur, habitée par le sens missionnaire, nait le 30 avril 1932 à Nuku'alofa, Tonga. Elle est l'aînée des trois enfants de Viliami et Fonuku Moahengi. La famille vit à Lapaha où elle va à l'école paroissiale Sainte-Thérése. La mère de Sanele décède après son entrée au noviciat de Heretaunga. Son père se remarie et lui donne huit autres frères et sœurs dont elle restera toujours proche.
À la suite d'une décision de Congrégation, à partir de 1955, les candidates de Tonga et des Samoa (où des noviciats étaient établis) vont en Nouvelle-Zélande pour la formation. Malia Sanele est la première à recevoir toute sa première formation à Heretaunga, où elle entre au postulat le 11 février de cette année-là. Elle fait profession le 8 décembre 1957, déjà avec le désir d'être missionnaire aux Salomon.
Les premières années après la profession, Sanele est à St-Anne’s Hostel où M. M. Rachel répète à la jeune smsm : « Maintenant, sortez les Salomon de votre tête, ma sœur. » Mais elle ne le fera jamais !
Sœur Malia Sanele retourne à Tonga en 1960, affectée à Vava'u pour l'enseignement. Plus tard, elle enseigne à Ma'ufanga et Nuku'alofa. Envoyée dans la communauté smsm d'Hawaï en 1967, elle est cuisinière au Séminaire St Etienne. En 1969, après une période d'études à Ma'ufanga, elle part à Suva auCorpus Christi College. Et là, au cours de sa dernière année d’école normale, elle écrit à sa provinciale : « En 1959, j'ai exprimé mon souhait à Mère Marie Jeanne d'Arc et à Mère Mary Eva, à Auckland, en leur disant combien j'aimerais aller travailler aux Salomon.» Elle partage également son désir avec Sœur Mary Keegan, la régionale des îles Salomon à l'époque. Et en janvier 1972, Mary accueille Malia Sanele à Honiara.
Au début de l'année scolaire, Sanele rejoint l’équipe enseignante de l'école primaire de jeunes filles à Tangarare. Quelques années plus tard, elle dira à S. Mary que lorsqu'elle est arrivée aux Salomon, elle avait l’impression d’y être déjà venue. Son rêve continue de se réaliser. Après cinq ans de service dans l'enseignement, elle va en congé en famille. Lors de son voyage de retour à Honiara en avril 1977, elle vit une expérience unique et merveilleuse. Elle est assise à côté de Saint-Pierre Chanel ! En effet, les Pères Maristes rapportent les reliques de Chanel dans le Pacifique, à Honiara. Et ils demandent à Sanele si elle veut bien que les reliques reposent sur le siège vide à côté d'elle. Il lui faudra quelques jours pour redescendre sur terre après cette formidable expérience d'être assise à côté du Maître qu'elle aime tant.
Une fois revenue aux Salomon, elle prend de bon cœur sa tâche de responsable de l’accueil à la maison régionale à Rove. Elle cuisine des repas excellents et plantureux. La maison s'anime quand elle accueille les visiteurs - du Délégué Apostolique aux enfants du voisin. Elle aime les animaux et le jardinage et elle admire les belles fleurs ; elle plante une haie d'orchidées devant la maison pour cacher la terre nue et les tuyaux.
Avec la présence de Sanele, une femme qui vient peut-être tranquille, la maison est "en sécurité". Aucun mari ne vient jamais pour sa femme car ils savent que probablement c’est Sanele qui répondra à la porte. Les relations se rétablissent après une semaine ou deux quand un mari ou un parent arrive à la porte avec un GROS POISSON - pour Sanele, bien sûr ! De plus, elle devine toujours qui est malade et ce dont il peut avoir besoin, et parfois elle disparaît par la porte de derrière avec un panier de nourriture. Cette grande dame a bon cœur. Très intuitive, elle trouve toujours la bonne façon de faire les choses. Sa présence est caractéristique avec son chapeau, son parapluie et son sac.
Début 1981, après un autre congé en famille, elle retourne aux Salomon pour prendre un poste d'enseignante à l'école secondaire de Tangarare Area. Elle y passe huit ans. Puis elle va à Tenaru au début de 1989. Là, elle enseigne à temps partiel à St Joseph et St Martin.
En juin 1971, Sanele avait écrit à la Provinciale au sujet du genre de travail qu'elle aimerait : « En plus d'enseigner en classe, je m'intéresse au bien-être des gens et j'aimerais beaucoup travailler parmi eux. Par exemple, former des groupes de mères pour les aider à coudre, cuisiner et prendre soin de leurs bébés. D’une manière générale, les aider à élever leur niveau de vie. La catéchèse est aussi quelque chose qui m'intéresse et que j'aimerais beaucoup faire. »
Au fil des ans, elle recevra une formation pour tout cela : d’abord le second noviciat, à Coogee, en Australie, en 1976 ; puis le cours de l’Institut Missionnaire du Pacifique, à Sydney, en 1980 ; ensuite le renouveau de la Famille Mariste, au Marcellin Hall, à Auckland, en 1989 ; et enfin, en 1992, après avoir donné deux ans de service au Généralat, trois mois à St Anselme dans le Kent, en Angleterre, pour un cours d’initiation au soutien psychologique.
Elle retourne à Honiara, fin 1992, pour être en communauté à Linnane House avec les candidates smsm. En juin 1995, elle est envoyée aux Kiribati pour être professeur de religion, de diététique et de couture à l'école secondaire St Louis. Elle est aussi coordonnatrice de l'équipe d’éveil des vocations. Pendant un certain temps, atteinte de tuberculose, elle est hospitalisée puis, après un peu de repos, reprend ses activités scolaires.
Pour cette fervente missionnaire, la dernière mission aux Salomon sera Visale, une des premières fondations de l'Eglise catholique. De 1999 à 2004, elle est engagée avec la congrégation locale des Filles de Marie Immaculée (DMI) et à l’accueil. C'est une période de « troubles » : les Gardiens de la Paix du Pacifique sont envoyés pour rétablir la paix entre les factions belligérantes des deux îles de Malaita et de Guadalcanal. Les soldats Tongiens sont accueillis par les sœurs à Visale. Ils trouvent là un endroit calme, de la compagnie et un bon repas quand les jours sont difficiles. De leur côté, les soldats veillent à la sécurité des sœurs. Lorsque Sanele réussit finalement à traverser le blocus et à atteindre Honiara, c'est pour apprendre la mort d’une de ses sœurs. Elle assume tout cela, abattue et meurtrie, mais non brisée, et elle retourne dans sa mission de Visale.
Le long voyage touche à sa fin, Sanele est désormais une « personne âgée ». Elle aimerait prendre sa retraite en Australie avec les nombreuses sœurs qu'elle connaît là-bas, mais ce ne sera pas le cas. Elle retourne à Tonga en 2006. La transition est rendue un peu plus facile par les activités qu’elle peut encore assumer : aide au dispensaire de Ma'ufanga et, deux fois par semaine, avec S. Joan Marie, visite des malades à la léproserie ou à domicile. En 2018, elle participe à fond au renouveau des sœurs aînées au Mont Mou, en Nouvelle-Calédonie, qualifiant son expérience de « merveilleuse ».
A la réunion de communauté de Ma'ufanga, le mercredi 16 octobre, les sœurs remarquent que Sanele se tient la tête. Elle se couche de bonne heure et ne se lève pas le lendemain matin. Les sœurs appellent alors le médecin qui leur suggère de l'hospitaliser. Là, le diagnostic révèle un léger AVC (accident vasculaire cérébral). Elle est encore consciente et réagit. Le vendredi, les sœurs demeurent auprès d’elle avec des membres de sa famille, elles appellent le P. Tasi, aumônier, pour le renouvellement de ses vœux. Cette nuit-là et le jour suivant, les sœurs restent à ses côtés jusqu'à ce que Malia Sanele rende paisiblement son dernier souffle en milieu d'après-midi. La veillée funèbre a lieu au couvent de Ma'ufanga du lundi au mercredi 23 octobre, date à laquelle ses funérailles sont célébrées dans la cathédrale. En l'absence du cardinal Paini, le Père Lutoviko Finau, vicaire général, est célébrant principal.
Malia Sanele, c’est un samedi que Marie est venue à Toi pour te conduire vers son Fils. Ta vie missionnaire est accomplie, qu’elle inspire la nôtre.
SMSM, Tonga